Colette - Paris de ma fenêtre, 7ème chapitre

4 months ago
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Recueil de chroniques paru en 1944, dans lequel l'auteur partage ses impressions sensibles et poétiques sur la vie parisienne, vue à travers le prisme de son intimité et de ses observations depuis sa fenêtre.

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"[...] Ce poète, cet auteur dramatique, ce dessinateur, ce romancier — c’est le même homme, vous l’avez reconnu — habite une maison voisine de la mienne. Il s’est logé au profond d’un des entresols dont les fenêtres, cintrées comme l’entrée d’un terrier, valurent aux femmes de mœurs faciles, qui s’y embusquaient penchées, le nom de « castors » et de « demi-castors ». Pendant quatre ans j’eus un entresol pareil. Mais ils conviennent mieux à un homme de théâtre, pour ce que la clarté du jour, avant de les atteindre, touche le pavé et rebondit sous l’arcade en haut comme la lumière d’une rampe.

Liée d’amitié avec le poète depuis de longues années, je n’en profite pas pour l’envahir à toute heure. Mais ses travaux variés rendent jalouse une gratteuse de papier, et il y a bien de quoi. D’abord ils ne demandent pas le secret, ni l’isolement. Le vitrage cintré les expose. Si le passant levait la tête, il verrait sur un grand panneau quelque torse héroïque crayonné, ou le portrait d’un cheval, ou une maquette de décor, ou l’auteur lui-même, sa huppe de cheveux crépelés, sa maigreur de lévrier, sa manche relevée sur la main sarmenteuse. Mais les passants ici lèvent rarement la tête, parce que le lieu les invite à songer, à ralentir le pas, et le poète-peintre regarde peu les passants. Il contemple un poème futur, un futur tableau, il appose sur une toile le premier fantôme d’un décor, d’un parvis blanc, d’un rideau rouge ; il figure les premiers degrés d’un escalier, la sombre cavité d’où émergera le maléfice. Il projette une grosse lampe implacable sur une étoffe, rehausse d’or quelque treillis grossier…

Dans tout ce qui sert l’art théâtral réside et s’impose un labeur matériel, manuel et phalanstérien, qui contente pleinement ceux qui s’y appliquent. L’artifice étant inépuisable, comment a-t-on pu envisager, prédire la « mort » du théâtre ? La préparation d’une œuvre théâtrale agite des forces aussi physiques... [...]"

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