Jacques Brel: Une scène de vie - Part.l+ll (Full Documentary - 2003)

Jacques Brel: Une scène de vie - Part.l+ll (Full Documentary - 2003)

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Lorsque Jacques Brel montait sur scène, tout semblait possible. Il brûlait les planches comme on brûle ses vaisseaux, pour s'emporter et emporter le public dans les mondes qu'il créait ou recréait. Il avait sagement débuté, avec une guitare, en fredonnant d'optimistes bluettes de patronage, inspirées du scoutisme et héritées de son éducation bourgeoise et catholique. Au point qu'on l'appelait ' l'abbé Brel '. Douze ans seulement après, en pleine gloire, il a délibérément quitté la scène en caracolant et en hennissant. Il était cheval.

Cette performance incroyable ne figure pas parmi les extraits d'archives retenus par Serge Dzwonek. Mais le document inédit qu'il a constitué pour le vingt-cinquième anniversaire de la mort du chanteur complète beaucoup d'autres entreprises de ce genre. Alternant enregistrements de chansons et d'entretiens, il montre bien toute l'originalité de Brel. Il a surtout le mérite de s'en tenir pour l'essentiel à la relativement brève période durant laquelle Brel a chanté en public (1954-1966) - mis à part l'expérience de L'homme de la Mancha, où le ' Grand Jacques ' a osé Don Quichotte, en une sorte d'opéra ou de comédie musicale (1968).

Ce sont ces douze années qui ont fait que Brel paraît aujourd'hui si vivant, comme le prédisait l'hommage réalisé à New York par Mort Schuman, en 1966 ( Jacques Brel is alive...). Sur scène, Brel donnait littéralement corps à ses rêves. Tellement qu'il arrivait en coulisse groggy, comme un boxeur, ruisselant. De chaque titre, en comédien qu'il allait devenir, il faisait un spectacle total. Il se jetait à l'eau, en eau. Son audace et sa générosité étaient à la mesure de sa pudeur, lui permettant de chanter : ' Etre une heure, une heure seulement, beau, beau... Beau et con à la fois ! '

Dans ce document, il confirme son goût du risque : ' La prudence me fait suer. J'aime mieux me tromper que me taire. Je hais la précaution. ' Indiscutablement poète ( Le Plat Pays ) et tendre, il savait aussi bien défier le ridicule et le grotesque, dans des chansons qui étaient autant de tableaux, dignes de Bruegel, Bosch et autres Flamands. Et celui qui a tant évoqué la vieillesse ne l'a pas connue.