Émeutes: le drôle de jeu des boutefeux de la France insoumise.

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Émeutes: le drôle de jeu des boutefeux de la France insoumise

Article de Maurice Szafran •

EDITORIAL - Le quasi soutien de Jean-Luc Mélenchon et de sa garde rapprochée aux violences urbaines faisant suite à la mort tragique de Nahel est un mauvais calcul politique et démocratique, estime notre éditorialiste Maurice Szafran.
Quand les émeutiers ont embrasé les banlieues en 2005, Jean-Luc Mélenchon avait aussitôt condamné les violences. Il les estimait contre-productives, faisant le jeu du pouvoir alors chiraquien, favorisant l’extrême-droite et le Front National. Dix-huit ans plus tard, à l'heure de la mort tragique de Nahel et dans un contexte encore plus dur, le lider maximo de La France insoumise tient un tout autre discours, il s’est radicalisé et dénonce désormais "les chiens de garde qui nous ordonnent d’appeler au calme".

Pas question de céder à cette "pression" et l’un de ses proches, le député de l’Essonne Antoine Léaument est allé jusqu’à théoriser ce refus qui aboutit à un soutien: "les manifestations prennent la forme qu’elles veulent. La colère qui s’exprime est légitime. On ne va pas jouer les pompiers". Pourtant l’extrémisme de Mélenchon et de son premier cercle ne va pas sans créer toute une série de difficultés.

La Nupes fracturée
D’abord parce que les émeutiers n’ont que faire de ce soutien. Mélenchon et Les Insoumis n’incarnent rien pour eux. Rien. Des "politiques" parmi d’autres, sans plus. Quand le député LFI du Val d’Oise Carlos Martens Bilongo tente de s’approcher d’un groupe de jeunes à Nanterre, il est… frappé - une claque sur la tête et s’en retourne chez lui.

Ensuite parce, pour Mélenchon et sa garde rapprochée, les conséquences politiques de ce quasi soutien sont négatives, en interne comme au sein de la Nupes. Au sein de LFI, François Ruffin s’est à nouveau singularisé, utilisant une formule sinon centriste du moins centrale, cherchant ainsi à faire consensus: "pour les policiers comme pour les citoyens, enquête et justice".

Voilà qui a sur le champ provoqué une réaction dépitée du député Antoine Léaument, l’un des porte-flingue de Mélenchon dénonçant les propos "mi chèvre-mi chou" de son "camarade" Ruffin. Désaccord en réalité profond qui traverse la Nupes toute entière: la cheffe écologiste Marine Tondelier s’est grosso modo alignée sur Mélenchon tandis que le premier secrétaire du PS Olivier Faure condamnait sans la moindre réserve émeutes et violences.

Dans ce contexte Emmanuel Macron a eu beau jeu de "cogner" Mélenchon sans même citer son nom: "ceux qui instrumentalisent [ce drame et ces émeutes] ont une responsabilité écrasante". C’est dit en peu de mots et on ne peut, en l’occurrence, qu’approuver.

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