La stratégie de conquête des Frères musulmans

(Alexandre Del Valle): Dans un ouvrage qui s'appelle Le Projet, il est écrit comment on va conquérir, après avoir réunifié le monde musulman et établi un califat dans le monde musulman et après avoir liquidé les laïcs dans le monde musulman, comment islamiser le reste de la planète.Show more

Alors la stratégie de l'entrisme elle est multi forme. En Europe, on a eu une stratégie tout azimuth. À un moment, les frères musulmans ont choisi Sarkozy et Sarkozy les a choisi lorsqu'on a fait le Conseil français du culte musulman, mais on a vu aussi une alliance surtout avec la gauche et l'extrême gauche. En Suisse, Tariq Ramadan, son frère Hani, mais leur père Saïd Ramadan ont très souvent échappé à des mesures d'interdiction, d'expulsion, surtout le père, et les fils d'interdiction par exemple sur le territoire français grâce à l'appui de la gauche et de l'extrême gauche. Monsieur Tariq Ramadan a réussi à être un salarier de la ville de Rotterdam. Grâce à l'aide du Qatar, Monsieur Tariq Ramadan s'est même fait payer une chair universitaire à Oxford. Donc, on a une stratégie de pénétration tout azimuth. Les Frères musulmans sont capables de s'alier avec des terroristes à Gaza, avec des conservateurs en France ou en Égypte, avec des gauchistes au Maroc, en France ou en Allemagne, avec toutes sortes de milieux. Alors AJ+ est allé très loin dans l'antrisme et dans la stratégie de la takyia et du double discours et de la dissimulation, puisque AJ+ est la structure web internet d'Al-Jazeera, qui a été créée par notamment Jassim Sultan, qui est un des nouveaux cadres des Frères musulmans basés au Qatar. Et c'est extraordinaire, parfois vous n'avez même pas l'impression d'être en face d'un mouvement islamiste. On vous parle parfois même du droit des femmes à porter le voile en permanence,

- Mais si on arrête d'être hypocrite de 5 minutes, on admet que le pays a un énorme,
-ÉNORME- problème avec le voile.

- (Alexandre Del Valle): mais en même temps on vous dit que c'est le droit de ceux qui le veulent d'être militant LGBT.

- Mais le plus important, selon les activistes LGBTQI+, est que chacune et chacun
et chacun puissent être libre de définir son orientation sexuelle et son identité de genre.

- (Alexandre Del Valle): ou d'être pour l'inverse du voile. Donc en gros, on dilue la demande de voile islamique derrière une sorte d'indifférenciation, un relativisme, le voile ou la mini jupe, le droit à la différence. Et ça c'est très habile puisque au nom du droit à la différence et de l'indifférenciation, mettre le voile et la mini jupe au même niveau, eh bien ça permet une alliance y compris avec des gens qui devraient être anti-islamistes : d'où l'alliance actuelle entre les nouveaux féministes tiermondistes qui se disent : "Nous, on est féministe, on est pour le droit de faire ce qu'on veut, y compris et surtout le LGBTisme et compagnie mais nous défendons le voile islamique des Frères musulmans parce qu'eux-aussi ils veulent juste être différents." La stratégie de victimisation joue un rôle énorme. Si je suis Frère musulman, membre d'une organisation qui en fait est analysable comme un prédateur, puisque je suis une entité impériale qui veut dominer la planète, c'est vraiment le contraire de la victime, je suis un prédateur. Mais pour faire oublier ma nature prédatrice et obsturantiste et totalitaire néo-impériale, colonialiste, eh bien je vais me faire passer pour une victime. En réalité, l'idée des islamistes, c'est de faire croire que toute la société est islamophobe.

- Mais pourquoi certaines personnes en France ont du mal à accepter qu'il y a de l'islamophobie?
et que déjà ça existe.

- (Alexandre Del Valle): Et pas uniquement la droite populiste anti-immigrant, dont il parle assez peu finalement. C'est ça le grand paradoxe : c'est que plus les sociétés culpabilisées européennes veulent prouver qu'elles ne sont pas islamophobes, eh bien plus elles sont acculées à prouver qu'elles ne le sont pas et plus elles sont accusées de l'être par ceux qui savent très bien qu'en fait la grande faiblesse des Européens eh bien c'est leur culpabilité extrême. Alors tous ces projets sont financés par 2 grandes voies: Premièrement, il y a les grands projets spectaculaires, les grandes mosquées de Mulhouse, de la région du Rhône, de Pâquat, de Suisse. Tous ces projets sont financés souvent par deux états. Un, c'est très connu, c'est le Qatar, c'est aujourd'hui le pilier des Frères musulmans d'un point de vue étatique. Deuxième pays qui n'est pas très connu comme étant un pilier des Frères musulmans, le Kuwait. On a un troisième état, ça commence à être connu, Erdogan, la Turquie d'Erdogan. La Turquie aujourd'hui accueille sur son territoire notamment le groupe terroriste Hamas palestinien, mais pas qu'eux mais également toute la direction internationale des Frères musulmans. Quatrièmement, alors là c'est pas un état, le financement peut être de plus en plus endogène, la cotisation des fidèles, mais aussi l'immense, l'immense manne que rapporte le halal : la gestion du halal, des boucheries halal, des magasins halal, de 1000 et une sorte de produits halal, rapportent des millions et à l'échelle planétaire des milliards, c'est extrêmement juteux. La France est extrêmement naïve mais c'est pas que la France, vous savez, la France est même moins naïve que certains pays. En Belgique, on a un degré d'islamisation de la société avec une tolérance du voile islamique, des cours de religion, des salafistes ou des Frères musulmans, un entrisme turc, erdoganien extrême, c'est l'Europe qui a donné un asile à de très nombreuses organisations islamistes qui étaient même parfois et souvent persécutées dans les pays musulmans. C'est-à-dire que l'Europe a été plus pro-islamiste que plusieurs, voire même de nombreux pays musulmans. Donc tout cela, c'est une naïveté globale de l'Occident qui, ne désignant comme ennemi que la Russie, a considéré que si le seul ennemi de l'Occident, de l'OTAN, c'est la Russie, tout est valable contre elle. L'annonce de Macron de lutter contre le séparatisme islamiste, je pense que c'était quand même quelque chose de positif, du point de vue de la parole, des discours. Macron dénonce le séparatisme islamiste.

- (Président de la France, Emmanuel Macron):
Alors, cette stratégie de lutte contre le séparatisme islamiste,

- (Alexandre Del Valle): Il appelle ça quand même l'islamisme, il parle de la Turquie à plusieurs reprises.

- (Président de la France, Emmanuel Macron):
Nous avons réussi, avec tous ces pays sauf la Turquie à ce stade. Si aucune solution n'est trouvée avec la Turquie.
Je pense que la Turquie a aujourd'hui le choix.

- (Alexandre Del Valle): Il dénonce l'idéologie des frères musulmans et du salafisme, puis le frérisme, qui est aussi les Frères musulmans. Il dénonce aussi l'influence d'états étrangers y compris le Qatar.

- (Président de la France, Emmanuel Macron):
Mais je ne laisserai aucun pays étranger nourrir sur le sol de la République un séparatisme.

- (Alexandre Del Valle): Le problème, c'est les élus locaux, régionaux, municipaux, départementaux,
qui souvent vont draguer les islamistes.

- (Président de la France, Emmanuel Macron):
Il y a parfois des pratiques qu'il faut condamner, stigmatiser. Elles deviennent électoralistes en quelque sorte.

- (Alexandre Del Valle):
Et ça, c'est un danger absolu, puisqu'aujourd'hui il y a une stratégie électorale d'antrisme.
Donc pour conclure, le discours de Macron était très très bon, parce qu'en fait il a parfaitement compris le problème
mais il a compris aussi que ce problème régalien, si il s'en soucie un peu, en tout cas ouvertement, peut lui amener les voies, les dernières voies de ce qu'il reste de la droite LR en pleine décomposition.