L'IMPASSE

1 year ago
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Une délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies en séjour en République Démocratique du Congo à refusé le fatalisme pour adopter plutôt une attitude de réalisme, invitant d’une part le gouvernement congolais au sens de responsabilité et d’autre part à emprunter la voie de la négociation politique.
Les convulsions au Congo Kinshasa ont pris une dimension internationale.
Et les agissements du gouvernement actuel compliquent l’identification des causes structurelles pour des solutions réelles et durables. Incapable de refonder les institutions sclérosées par la corruption endémique et le vagabondage des acteurs politiques et sociaux.
Depuis 1996, la RDCongo est à répétition frappée par une crise quasi existentielle qui a provoqué une détresse sociale et contribue à polariser le débat politique dans le pays.
La délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies séjourne en République Démocratique du Congo du 9 au 12 mars 2023, pour toucher du doigt la réalité sur terrain dont le caractère exceptionnel tient dans sa durée et sa sévérité, provoquant le déplacement et la mort de millions de congolais.
Encore une fois, la stratégie du pourrissement et du chaos imposé par le gouvernement pour répondre à l’agenda politique intérieure, soulève de nombreuses questions qui n’ont pas échappées aux délégués du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Si désigner un bouc émissaire peut donner un sens politique aux difficultés du moment, est ce que cela aide vraiment à les résoudre? Le doute est permis.
Étant donné que l’action diplomatique de Félix Tshisekedi, qui semble orchestrée à grand frais par des cabinets de lobby et consulting, est rythmée par des coups d’éclats le plus souvent communicationnels infructueux, après presque 5 ans de mandat, faire le bilan politique et diplomatique de Tshisekedi est très facile.
Il suffit de se demander la place occupée par le Président de la RDCongo sur cette planète en plein bouleversement. La multiplication des voyages, même les plus anodins, cache mal son incapacité à disposer d’une stratégie claire et assumée qui dessine une voie originale et des solutions concrètes pour son pays.
Autant le Pape François tout comme le Président Français, Emmanuel Macron, en visite à Kinshasa, sans complaisance ni concession, ont quasiment demandé au Président Tshisekedi de cesser de se mentir.
Autant avouer que pour Tshilombo ces enchaînements s’apparentent à un camouflet. Son voile sémantique avec lequel il espérait brouiller les représentations s’est déchiré.
Le flanc diplomatique n’est pas la seule fragilité de Félix Tshisekedi. La perspective du report des élections de décembre 2023 est porteuse des inquiétudes sur la scène intérieure.
L’opposition est vent debout et encore plus inquiétante que cette “l'opposition caviar”, une véritable résistance interne se dessine. L’enjeu est de taille pour un Président accusé de tribalisme et largement critiqué dans le pays.
Il n’est plus bien vu par une population qui a placé tant d’espoir dans son accession au pouvoir et qui a été déçue par la multiplication des promesses non tenues. Elle est révoltée par le niveau de corruption dans l’entourage du Président, et peut-être dans le chef du Président lui-même, qui ne peut pas ignorer les nombreux scandales, détournements et autres malversations qui sont attribués à ses proches.
Les délégués du Conseil de Sécurité des Nations Unies en mission en RDCongo, solidaires avec les congolais qui souffrent des affres de la guerre, refusent la fatalité mais aussi la passivité. Ils veulent ouvrir un champ des possibles et accompagner les congolais dans la voie du dialogue politique.
Les Nations Unies sont prêtes à y contribuer, les contacts diplomatiques évoquent à longueur des sessions et conclaves et tous les analystes le confirment, c’est la seule voie de la raison.
Dans ce contexte mouvant en RDCongo, la convocation d’une grille de lecture désuète de la crise à l’Est du pays cohabite mal avec un opportunisme politique justifié par les échéances électorales de décembre 2023.
Pour le Conseil de Sécurité des Nations unies, la négociation politique est la seule voie de sortie de la crise sécuritaire.
“N’attendez pas des Nations unies qu’elles règlent des choses de manière magique et de manière instantanée à la place des autorités congolaises, a-t-il martelé Nicolas de Rivière, ambassadeur français auprès des Nations Unies.
Voilà qui a le mérite de la clarté. Car pour le dialogue politique, Tshisekedi paraît, au même temps, incohérent et intraitable. Il ne rechigne pas à dialoguer avec certains groupes armés, de facto déjà brassés aux Forces Armées Congolaises, mais il refuse de le faire avec d’autres!
Il y a tout lieu de craindre qu’il mène le pays dans une impasse généralisée.
D’autant plus que le récent projet de loi visant à “légaliser” comme “réservistes” les miliciens qui animent les groupes armés, pose beaucoup de problèmes, car mixer ou “brasser” les soudards de 120 groupes armés, indexés de crimes contre l’humanité, comme la CODECO, Nyatura et FDLR, n'apparaît pas comme une solution viable pour pacifier la partie orientale de la RDCongo.
Au contraire, cela risque de faire indexer les Forces Armées Congolaises, pour tous les crimes que ces bandits de grand chemin vont commettre contre les populations civiles.
Parallèlement à toutes ces dérives, contradictions et impasses, comment oublier la multiplication des massacres dans le territoire de Beni, où plus de 50 personnes ont été horriblement tuées au cours de la semaine dernière, malgré l’état de siège en vigueur ?
Pour la première fois, le Ministre des Affaires Etrangères de la RDCongo, Monsieur Lutundula, a fait référence, sans le citer, à un deuxième pays agresseur, oubliant que jusqu’à présent, les Forces armées congolaises opèrent conjointement avec les troupes ougandaises (pour ne pas les citer) dans le territoire de Beni, partageant aussi bien des opérations militaires que les renseignements…
Et à ce cadre terriblement négatif et contradictoire, s’ajoute la multiplication du déploiement de troupes étrangères sur le territoire de l’Est de la RDCongo, toutes - ou presque - avec mission d'observation mais qui replongent le Congo Kinshasa dans la situation antérieure à la signature du Traité de Pretoria de 2003. A se demander si, sur le plan de la politique intérieure, la non tenue des élections générales en 2023 ne plonge la République Démocratique du Congo dans la situation de prolifération de troupes étrangères antérieure à la tenue du Dialogue Intercongolais, à qui nous devons l’actuelle Constitution.
Il apparaît nécessaire de trouver un nouvel équilibre, aussi bien intérieur qu’extérieur, afin de faire sortir la RDCongo de la dangereuse impasse où le fatshisme l’a plongée.

Résistants Congolais

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