Comment créons-nous la cécité émotionnelle ? - Audio - Alice Miller

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Comment créons-nous la cécité émotionnelle ?

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L’enfant est toujours innocent.
Tout enfant a des besoins inéluctables, entre autres de sécurité, d’affection, de protection, de contact, de sincérité, de chaleur et de tendresse.

Ces besoins sont rarement satisfaits, mais ils sont souvent exploités par l’adulte à ses propres fins (traumatisme de l’abus perpétré sur l’enfant).

L’abus que subit l’enfant a des conséquences pour toute la vie.
La société est du côté de l’adulte et accuse l’enfant de ce qui lui a été fait.

La réalité du sacrifice de l’enfant est toujours déniée.
On continue donc d’ignorer les conséquences de ce sacrifice.
L’enfant, abandonné à sa solitude par la société, n’a pas d’autre solution que de refouler le traumatisme et d’idéaliser ceux qui le lui ont infligé.

Le refoulement engendre des névroses, des psychoses, des troubles psychosomatiques et des crimes.
Dans la névrose les vrais besoins sont refoulés et déniés et le sujet vit à leur place des sentiments de culpabilité.

Dans la psychose, l’abus est transformé en représentation délirante.
Dans le trouble psychosomatique, la douleur du mauvais traitement est vécue, mais les causes véritables de cette souffrance demeurent cachées.

Dans le crime, la confusion, la séduction et le mauvais traitement subis trouvent constamment de nouvelles abréactions.
La démarche thérapeutique ne peut réussir que si l’on ne nie pas la vérité de l’enfance du patient.

La doctrine psychanalytique de la ” sexualité infantile ” s’inscrit à l’appui de l’aveuglement de la société et légitime l’abus sexuel perpétré sur l’enfant. Elle accuse l’enfant et épargne l’adulte.

Les fantasmes sont au service de la survie, ils aident à exprimer la réalité insupportable de l’enfance et en même temps à la cacher ou à la faire paraître plus inoffensive. Un événement ou un traumatisme fantasmatique. Soi-disant ” inventé ” recouvre toujours un traumatisme réel.

Dans la littérature, comme dans l’art, dans les contes et dans les rêves s’expriment bien souvent sous une forme symbolique des expériences de la petite enfance qui ont été refoulées.

Étant donné notre ignorance chronique de la situation réelle de l’enfant, ces témoignages symboliques de tourments sont non seulement tolérés mais même très appréciés dans notre civilisation. Si l’on comprenait l’arrière-plan caché de ces oeuvres, la société les rejetterait.

Les conséquences d’un crime qui a été commis ne sont pas effacées par le fait qu’aussi bien le criminel que la victime sont aveugles et perturbés.

On peut éviter de nouveaux crimes, si les victimes commencent à y voir clair; la compulsion de répétition sera ainsi levée ou affaiblie.
Dans la mesure où ils permettent de découvrir irréfutablement et sans ambiguïté la source de connaissance cachée dans le vécu de l’enfance, les récits des victimes peuvent aider la société en général, et la science en particulier, à augmenter leur degré de conscience.

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© Alice Miller

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